ThS.BÙI TẤN ANH, ThS. VÕ VĂN BÉ, ThS. PHẠM THỊ NGA Giảng viên

Gs. Bùi Tấn Anh - Võ Văn Bé - Phạm Thị Nga

 

Structure des virus

 
Enveloppe : propre à certains virus (virus enveloppé). Son origine est cellulaire. Elle présente une fragilité aux désinfectants.

Capside : représente une protection de l'acide nucléique. Elle est constituée de protéines assemblées de façon géométrique dont certaines ont des propriétés antigéniques.

Glycoprotéines : protéines transmembranaires qui servent de ligand ( clef) pour les récepteurs cellulaires (serrure), et de système de reconnaissance pour les anticorps.

Acide nucléique (génome) : A.R.N. ou A.D.N.

Taille des virus

 
Leur taille est variable: de 20 à 300 nanomètres

(1 nm = 0,000001 mm)

Leur taille est très inférieure à la taille d'une cellule (100 à 1000 fois inférieure)

 

 

Structures

Par définition toute particule virale est composée de 2 éléments obligatoires: le génome composé d'acide nucléique et la capside, coque de nature protéique entourant le génome, l'ensemble constitue une unité fonctionnelle, la nucléocapside. Pour certains virus seulement, cette nucléocapside est elle-même entourée d'une structure appelée enveloppe ou peplos.

Nulle part ailleurs la corrélation entre la structure et la fonction - entre la composition et l'arrangement du matériel génétique et les mécanismes d'expression génique - n'est aussi apparente que chez le virus. La diversité des mécanismes utilisés par le virus pour exprimer ses protéines est reflété par sa structure génomique (mais, malheureusement, ne pas toujours en être déduite).

3.1 Le génome viral

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L
e génome viral contient l'intégralité de l'information génétique de la particule. Comparé au génome de procaryotes ou cellules eucaryotes, la quantité de gènes codés par l'acide nucléique est faible: de 3 à 200 gènes. Il est constitué soit d'ADN soit d'ARN lesquels peuvent être sous formes linéaire ou circulaire, simple brin (monocaténaire) ou double brins (bicaténaire). Cette diversité de formes implique que les virus ont développés de multiples stratégies pour répliquer leur génome. Malgré cette diversité, le génome de tous les virus encode trois types de protéines, celles qui:

  1. assurent la réplication du génome
  2. encapside le génome en particules virales (virion)
  3. altèrent la structure et/ou fonction de la cellule infectée.

 

3.1.1 Le génome à ADN

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La taille du génome varie entre 3.2 kilo bases (kb) et 200 kb. Le génome à ADN est toujours en une seule molécule. Il est en général sous forme d'un double brin mais certains ADN viraux peuvent être simple brin. L'ADN viral est en général linéaire mais certains sont sous forme circulaire.

 

Virus Symétrie Lin./Circ. Taille en kb Maladie
Hepadna I lin./circ. 3.2 Hépatite
Parvo I lin. 5 Erythème
Papova I circ. 5 Dégénérescence du CNS
Papilloma I circ. 7 Carcinomes
Adeno I lin. 35 Maladies respiratoires
Herpes I lin. 200 Herpès, varicelle
Variola ? lin. 200 Variole

 

3.1.2 Le génome à ARN

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La taille du génome varie entre 1.6 kb à 30 kb. Ces ARNs sont en général monocaténaires sauf celui de la famille des réovirus qui est bicaténaire. Ils peuvent être en un seul ou en plusieurs segments, mais en général linéaires. La disposition en plusieurs segments favorise les recombinaisons génétiques entre différents virus de la même famille et augmente ainsi la variabilité génétique et donc antigénique (cf. virus de la grippe)

 

Virus Symétrie Nb. segments Sens ARN Taille en kb Maladie
Hépatide D   1 - 1.6 Hépatite
Parymyxo H   - 15 Rougeole,
oreillons
Rhabdo H   - 11 Rage
Picorna I   + 7 Polio, hépatite,
rhume
Alpha I   + 9 Rubéole
Retro I   + 10 SIDA, lymphomes
Corona H   + 30 Rhumes
Arena H 2 - 11 Fièvre hémorragique
Bunya H 3 - 12 Encéphalites
Orthomyxo H 8 - 12 Grippe
Rota I 11 +/- 15 Diarrhées

 

 

3.2 La capside

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Elle a essentiellement un rôle de protection du génome viral. C'est une structure polymérisée à base de sous-unités protéiques appelées capsomères. Le génome des virus étant petit, il ne peut coder que pour un petit nombre de polypeptides différents. Ainsi les capsides sont constituées par la répétition d'un seule capsomère, lui-même constitué d'une ou de quelques protéines. Selon les rapports que les capsomères contractent entre eux et avec le génome, on définit deux types de nucléocapsides:

3.2.1 les nucléocapsides à symétrie hélicoïdale

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D'aspect tubulaire, les sous-unités s'assemblent en un ruban autour de l'acide nucléique, et le ruban enroulé autour d'un axe central constitue un tube plus ou moins rigide. L'exemple le mieux connu est celui du virus de la mosaïque du tabac.

Dessin de Linda Stannard
©Linda Stannard

De nombreux virus animaux et en particulier les Orthomyxoviridae et la Paramyxoviridae ont une nucléocapsides à symétrie hélicoïdale de même type. Cependant, à la différence de celle, rigide, des virus des plantes, elle est plus ou moins flexible, enroulée sur elle-même et toujours incluse dans un enveloppe. Ceci est illustré par une vue au microscope électronique (EM) du virus de la grippe. Dans la partie A, la nucléocapside est encore enfermée dans son enveloppe alors que dans la partie B, la nucléocapside est partiellement déroulée.


tiré du Fields, Vol1, p 1401 (© G. Murti, St. Jude Childrens Research Hospital, Memphis)

La vue EM ci-dessous met en contraste la structure rigide du virus de la mosaïque du tabac (TMV), les bâtonnets, et la structure plus lâche de la nucléocapside de Sendaï.

nucleocapside of SENDAI and TMV (Kolakofsky et al., CMU, Geneva University)

3.2.2 les nucléocapsides icosaédriques

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Il s'agit d'un polyèdre comprenant 12 sommets et 20 faces égales qui sont des triangles équilatéraux entourant une sphère. Un icosaèdre possède 3 axes de symétrie: 15 doubles passant par les angles, 10 triples passant par chaque faces et 6 quintuples passant par chaque pentamère. On parle de symétrie 5:3:2.


inspiré de Linda Stannard

Suivant le nombre de protéines formant la capsomère, celles-ci peuvent s'organiser de plusieurs façons pour former une face de l'icosaèdre. Il y a plusieurs raisons à ce que les virus ont utilisé une symétrie icosaédrique. L'une est que la triangulation d'une sphère en 20 est la meilleure façon d'obtenir une coque faite de structures identiques liées entre-elles. C'est la structure ayant une énergie libre minimale.

 

Les deux images ci-dessus proviennent du laboratoire de Robert M Bock de UW-Madison.
L'illustration de gauche vous montre la structure icosaédrique de la capside du rhinovirus 14 telle qu'elle a été déterminée par critallographie aux rayons X. Chaque acide aminé est représenté par une sphère de 4 Angström de diamètre. La capside est constituée de 4 protéines VP1 (bleu), VP2 (vert), VP3 (rouge) et VP4 (pas visible). Sur cette image on aperçoit bien l'axe de symétrie 5-fois avec VP1 au sommet d'un pentamère. L'image de droite nous montre la capside de rhino 14 où deux pentamères ont été enlevés afin de voir l'intérieur de la capside où VP4 est maintenant visible en jaune.

 

Les nucléocapsides icosaédriques peuvent constituer la particule virale (virus nu) ou, dans certaines familles de virus ne représenter que la partie interne du virus, celui-ce étant entouré d'une enveloppe.

Une autre façon de percevoir les protéines virales est de les distinguer en protéines internes ou protéines externes. Les protéines externes sont celles qui sont en contact avec l'extérieur alors que les protéines internes ne le sont pas. Ainsi, dans le cas d'un virus sans enveloppe, les proteines de la capsides sont des protéines externes alors que dans les virus à enveloppe les capsomères sont considérées comme des protéines internes. Cette notion externe/interne est importante car les protéines externes sont celles qui sont "vues" par l'organisme hôte: spécificité d'interaction, réaction immunitaires, activité enzymatique (voir ci-dessous).
Les protéines internes peuvent être:

Structurellement on dit que l'ensemble génome-protéines internes forme le core.

Pour en savoir plus
Intéressé par la structure fine des virus ? Linda Stannard, Cape Town University, vous offre de superbes vues au microscope électronique et vous explique comment elles ont été faites. (ayez un peu de patience, le site est lent).

3.3 L'enveloppe virale

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L'enveloppe virale provient des systèmes membranaires de la cellule hôte par bourgeonnement. Trois origines sont possibles:

  1. la membrane nucléaire
  2. la membrane d'une organelle comme le réticulum endoplasmique (RE) ou l'appareil de Golgi
  3. la membrane cytoplasmique.

L'enveloppe est composée de la double couche lipidique de la membrane de l'hôte ainsi que de protéines d'origine virales. Les protéines située du côté externe de la membrane sont toujours des protéines glycosylées et forment des spicules appelés aussi des peplomères. Ces dernières sont responsables d'activités biologiques comme l'hémagglutinine, la neuraminidase, protéines de fusion des enveloppes lipidiques.

Il faut noter que le caractère lipidique de l'enveloppe la rend très sensible aux solvants tels que détergents, éther ou sels biliaires. Donc, l'enveloppe ne constitue pas un élément de protection supplémentaire de la particule. Cette fragilité a des conséquences en épidémiologie (faible résistance dans le milieu extérieur et dans les selles, transmission par contact immédiat et rapproché) et pour le diagnostic (faible probabilité de retrouver le virus à certains niveaux défavorables comme les matières fécales et nécessité d'un transport rapide du produit pathologique au laboratoire).

 

Multiplication

Nous avons vu que le thème récurant chez les virus était "diversité". Nous allons voir que leur mode de multiplication n'échappe pas à ce thème. Néanmoins tous les virus obéissent à une stratégie de multiplication fondamentale que l'on peut découper en cinq étapes:

  1. l'adsorption
  2. la pénétration
  3. la décapsidation
  4. la réplication (duplication du génome, transcription, traduction)
  5. l'assemblage et la libération

Ces étapes sont illustrées par le cycle du virus de la grippe, Influenza

4.1 L'adsorption

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L'adsorption du virus consiste en la liaison d'une protéine virale à un récepteur de la surface cellulaire. Les deux exemples les plus étudiés d'interaction virus-récepteur sont:

 

Virus Protéine virale Récepteur
Influenza haemaglutinine acide N-acetyl neuraminique
(acide sialique)
HIV glycoprotéine de
l'enveloppe (gp120)
CD4 des lymphocytes T4 ainsi
que les co-récepteurs aux chemokines
CXCR4 ou CCR5 ou CCR3

 

Certains virus (vaccinia, herpès simplex) peuvent avoir plusieurs molécules différentes pour s'attacher aux récepteur, ou une même molécule d'attachement peut avoir plusieurs domaines pouvant chacun s'attacher à des récepteurs différents.
Les récepteurs peuvent être des protéines ou le sucre attaché à une glycoprotéine ou glycolipide. Le nombre de récepteurs par cellule peut varier énormément selon le récepteur. L'expression (ou l'absence) de récepteurs à la surface des cellules détermine en grande partie le tropisme de la plupart des virus, c'est-à-dire le type de cellule dans laquelle ils sont capables de se répliquer.
L'attachement est un processus souvent réversible. Certains virus (ortho- et paramyxovirus) portent à leur surface une neuraminidase qui leur permet de se détacher de leur récepteur en clivant l'acide neuraminique terminal porté par la chaîne polysaccaridique du récepteur.

4.2 La pénétration

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A la différence de l'adsorption, la pénétration est un processus qui requiert de l'énergie. Elle peut se faire par trois mécanismes ou une combinaison de ceux-ci (influenza, voir ci-dessous):

  1. translocation de virus entier au travers de la membrane plasmique
  2. endocytose du virus et accumulation des particules virales dans les vésicules cytoplasmiques
  3. fusion de l'enveloppe virale avec la membrane cellulaire

Les virus non-enveloppés utilisent les deux premiers mécanismes pour pénétrer dans la cellule.

Les virus à enveloppe utilisent leur protéines de fusion, qui interagissent avec des protéines de la membranes cellulaire, pour réaliser cette étape. Si l'activité de cette protéine de fusion se fait à pH neutre, comme chez HIV et les paramyxovirus, il a y fusion avec la membrane cytoplasmique et la nucléocapside entre directement dans le cytoplasme.

D'autres virus, comme le virus de la grippe, ont une protéine de fusion active seulement à un pH acide. Une fois attaché au récepteur, le complexe virus-récepteur est internalisé par endocytose dans des vésicules recouvertes de clathrine. En migrant vers l'intérieur de la cellule, ces vésicules perdent la clathrine et enclenchent une pompe à protons qui baisse le pH interne. A pH acide, la protéine de fusion (agglutinine) change de conformation, devient active et fusionne l'enveloppe virale à la membrane de l'endosome.

Dans les deux cas, l'enveloppe virale reste dans les membranes et la nucléocapside est de ce fait libérée dans le cytoplasme.

4.3 La décapsidation

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La décapsidation est un terme général qui s'applique aux événements qui se passent immédiatement après la pénétration et conduisent à la mise à nu du génome viral, en général sous la forme d'un complexe nucléoprotéique (core).

Pour les virus qui se répliquent dans le cytoplasme (p. ex. Picornavirus), le génome est directement accessible une fois la décapsidation accomplie. Pour les virus qui se répliquent dans le noyau (p. ex. Herpesvirus), la capside est transportée du site d'entrée vers les pores nucléaires par des protéines du cytosquelette. Une fois le pore nucléaire atteint, l'ADN viral (nu ou complexé avec des protéines) est relâché dans le noyau et la capside se désintègre.

Dans certains cas, par exemple chez les Réovirus, le génome viral exprime toutes ses fonctions à l'intérieur d'une capside rendue perméable.

4.4 La réplication du génome viral

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L'élément clé dans la réplication virale est la synthèse des protéines virales par la machinerie cellulaire. Pour ce faire, le virus doit présenter aux ribosomes cellulaires un ARN messager (mRNA). De ce point de vue la cellule impose trois contraintes aux virus.
Premièrement la cellule synthétise ses propres mRNAs dans le noyau par la transcription de ses gènes par des ARN polymérases en des pre-mRNAs qui sont ensuite processés en mRNAs matures. Dès lors la cellule ne possède pas a) les enzymes nécessaire pour synthétiser un mRNA à partir d'un génome viral à ARN et b) les enzymes capables de transcrire l'ADN viral dans le cytoplasme. En conséquence seuls les virus à ADN qui vont dans le noyau peuvent tirer parti des ARN polymérases de l'hôte pour faire synthétiser leur propre mRNAs.
Deuxièmement la machinerie de synthèse protéique de l'hôte est seulement capable de traduire des mRNAs monocistroniques, autrement dit elle est incapable de reconnaître des signaux internes d'initiation et doit commencer la traduction depuis l'extrémité 5' du mRNA. En conséquence, le virus doit soit synthétiser des mRNAs séparés pour chaque gènes, soit un grand mRNA codant pour un polyprotéine qui doit être ensuite clivée en protéines individuelles.
Troisièmement, dans la cellule, l'expression du génome viral entre en compétition avec une myriade de gènes cellulaires. C'est pourquoi les virus ont dû développer des stratégies qui soit confèrent à leur mRNAs un avantage compétitif soit abolissent la synthèse ou traduction des mRNAs cellulaires.

En fonction de la nature de leur génome, les virus peuvent être classés en 7 groupes:

  1. virus à ADN double brins: adénovirus, herpesvirus, poxvirus
  2. virus à ADN simple brin de sens +: parvovirus
  3. virus à ARN double brin: reovirus, birnavirus, orbivirus
  4. virus à ARN simple brin de sens +: picornavirus, togavirus
  5. virus à ARN simple brin de sens -: orthomyxovirus, rhabdovirus, paramyxovirus
  6. virus à ARN simple brin de sens + avec ADN intermédiaire: rétrovirus
  7. virus à ADN double brin avec ARN intermédiaire: hepadnavirus

 

4.4.1 Virus à ADN double brin

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Cette classe peut-être divisée en deux groupes:

a) virus dont la réplication est exclusivement nucléaire
(p. ex. Adenovirus, Papovavirus, herpesvirus).
La transcription du génome viral se fait par cycles de transcriptions successifs. Le premier cycle est appelé "transcription précoce" et les produits de la traduction de ces mRNAs sont des protéine nécessaires à la réplication du génome viral (p. ex réplicases) ou les protéines de contrôle qui bloquent la synthèse de l'acide nucléique de la cellule. Le niveau de cette transcription et de la traduction qui en découle est très bas par rapport à celui de la "transcription tardive" où les protéines structurales du virus sont produites.
b) virus dont la réplication est cytoplasmique
(p. ex. Poxvirus)
Comme on peut le déduire de par leur localisation, ces virus apportent avec eux toute la panoplie d'enzyme nécessaires pour la transcription/réplication et sont donc largement indépendant de la machinerie enzymatique de l'hôte
Pour en savoir plus
DNA transforming virus, notes du cours BS335 donné par le Dr. Shaun Heaphy.

Plus spécifiquement sur les familles:

4.4.2 Virus à ADN simple brin de sens (+)

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(p. ex. Parvovirus)

 
La réplication a lieu dans le noyau. Elle implique la synthèse d'un brin complémentaire de sens (-) qui sert de matrice pour la synthèse du génome.
Pour en savoir plus
La famille des Parvovirus

4.4.3 Virus à ARN double brins

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(p. ex. Réovirus)

 
Ces virus ont un génome segmenté qui est transcrit à l'intérieur de la capside par une RNA polymérase empaquetée dans le virion. Les mRNA produits sont sécrétés dans le cytoplasme et servent deux fonctions: 1) de mRNA monocistronique pour la production de protéines virales et 2) de matrice pour la synthèse du brin complémentaire afin de reformer le génome viral double brin.
Pour en savoir plus
La famille des Réovirus

4.4.4 Virus à ARN simple brin de sens (+)

Par convention, les virus dont le génome sert de mRNA sont appelés virus à brins positif (+). Cette famille peut être divisée en deux groupes:

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a) virus codant pour un seul mRNA de la taille du génome entier
(p. ex. Picornavirus, Hépatite A, Polio virus)

Après avoir pénétré dans la cellule le génome de ces virus se lie aux ribosomes pour produire une polyprotéine. Cette protéine géante est ensuite clivée en protéines individuelles. Le RNA génomique (+) sert de matrice à la synthèse d'un brin complémentaire (-) par une polymérase virale (elle-même produit du clivage de la polyprotéine précurseur).
Ce brin (-) servira à produire d'autres brins (+) qui eux-mêmes servent à produire plus de polyprotéines, plus de brins (-) et finalement les constituants de la progéniture.
Pour en savoir plus
La famille des Picornavirus
b) virus codant un ou plusieurs mRNAs de taille inférieure au génome
(p. ex. Togavirus)
Deux ou plusieurs cycles de traduction sont nécessaires pour produire le RNA génomique
Le point central dans la réplication des virus à brin (+) est le fait que le génome sert de mRNA directement après l'infection. Ceci a deux conséquences. La première est que les enzymes nécessaires à la réplication du génome sont produits à partir du génome et donc le virus ne doit pas les emporter dans sa capside. C'est pour cela que le RNA génomique est infectieux. Deuxièmement, parce que tous les génomes des virus à ARN simple brin (+) sont monopartites, le produit initial du mRNA génomique est nécessairement une protéine unique géante. Cette protéine doit être coupée en protéines individuelles trouvées dans le virion ou la cellule infectée. Ce clivage est en partie auto-catalytique et en partie réalisé par des protéases cellulaires.

4.4.5 Virus à ARN simple brin de sens (-)

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On peut distinguer deux groupes:

a) les virus à génome non segmenté
(p. ex. Paramyxovirus, Rhabdovirus, Filovirus)
Du fait de sa polarité, l'ARN génomique de ces virus ne peut pas être directement traduit et n'est donc pas infectieux. Parce que la cellule ne possède pas l'enzyme qui permet de synthétiser le brin (+) complémentaire à l'ARN génomique, le virus doit l'apporter avec lui lors de l'infection. La première étape d'une telle infection est la transcription du virus en une série de mRNAs monocistroniques de longueur inférieure à celle de l'ARN génomique (= transcription primaire). La traduction de ces mRNAs produit les protéines nécessaires à la réplication du génome. Celle-ci se fait par la synthèse d'un ARN de brin (+) qui est le complément exact du génome viral. Par l'intermédiaire de cet antigénome, la réplication du génome peut avoir lieu. Ces génomes amplifiés servent à leur tour de matrice pour de nouveaux mRNAs, de matrice pour de nouveaux intermédiaires de réplication (brin (+)), ou de génomes constituant la progéniture. Les génomes et antigénomes fonctionnels sont toujours constitués d'un complexe ARN/protéine (nucléocapside).
Pour en savoir plus
La famille des:
Chez les Paramyxovirus on observe parfois que les mRNA produits contiennent des nucléotides non encodés par le génome. Ceux-ci sont insérés dans les mRNAs par un mécanisme de "glissage" (le même nucléotide de la matrice est lu plusieurs fois) de la RNA polymérase virale. Ceci conduit à la production de protéines ayant la même extrémité amino-terminale mais qui diffèrent par leur extrémité carboxy-terminale. C'est un mécanisme permettant de produire deux protéines différentes à partir d'un même gène.
 
b) les virus à génome segmenté
(p. ex. Orthomyxovirus, Bunyavirus).
La réplication se fait comme chez les virus à génome non segmenté sauf que les mRNAs sont produits à partir de chaque segment de RNA génomique.
Cette disposition en plusieurs segments favorise les recombinaisons génétiques entre les virus de cette famille augmentant ainsi la variabilité génétique de ces virus.

4.4.6 Virus à ARN simple brin de sens (+) avec production d'un ADN intermédiaire

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(p. ex. Rétrovirus)

 
La caractéristique des rétrovirus est le fait que la particule virale contient deux copies identiques du RNA génomique, lui-même non segmenté. Bien que de sens positif, l'ARN génomique sert uniquement de matrice à la formation du DNA double brin intermédiaire. La cellule ne possède pas d'enzyme capable de faire du DNA à partir de RNA. C'est pourquoi, le rétrovirus doit apporter cet enzyme avec lui. On l'appelle la transcriptase reverse. Une fois synthétisé dans le cytoplasme, le DNA double-brin est transporté dans le noyau et s'intègre dans le génome de la cellule. Le génome intégré est ensuite transcrit par l'ARN polymérase cellulaire en mRNAs et en ARN génomique complet introduit dans la progéniture.
Pour en savoir plus
La famille des Rétrovirus

4.4.7 Virus à ADN double brin avec production d'un ARN intermédiaire.

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(p. ex. Hepadnavirus)

 
Le génome du virus de l'hépatite B se réplique dans le noyau. L'ADN linéaire est converti en ADN circulaire par une ADN polymérase apportée par le virus. Ce génome est ensuite transcrit en deux classes d'ARN: les mRNAs servant à la production de protéines virales et un mRNA de la longueur du génome entier qui sert de matrice pour la synthèse de l'ADN génomique par l'ADN polymérase virale qui sert ici de transcriptase réverse
Pour en savoir plus
Le virus de l'hépatite B

4.5 L'assemblage et la libération

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Les virus ont développé trois types de stratégies pour leur encapsidation et libération de la cellule.

    1. D'une manière générale, les virus qui n'ont pas d'enveloppe ont un assemblage indépendant de la libération. Cette dernière se passe normalement quand la cellule est détruite par l'effet de l'infection. On parle alors de virus lytique.

    2. La seconde stratégie est celle développée par les virus à enveloppe. Pour ces virus, l'assemblage et la libération sont liés dans le processus de bourgeonnement. Il faut noter que le processus de bourgeonnement ne se fait pas forcément au détriment de la cellule-hôte. Dans ce cas, les cellules peuvent être infectées d'une façon persistante, c'est-à-dire quelles peuvent continuer à se multiplier tout en libérant des virus.

    3. La troisième stratégie est celle développée par les virus comme celui de l'herpès. L'assemblage de ce dernier se fait dans le noyau où il acquiert une membrane dérivée de la lamelle interne du noyau. De là, le virus passe dans le réticulum endoplasmique d'où une vésicule contenant le virus se forme pour le transporter à la surface de la cellule. Le virus est libéré par la lyse de la cellule.

Conclusion.

Une connaissance de la biologie des virus et plus spécifiquement de l'éventail des hôtes, des cellules cibles, ainsi que des stratégies de multiplication sont les clés du développement de méthodes effectives dans la prévention et le traitement des maladies virales.

19 novembre 2003, ds