Diên Biên Phu est un film
français de
Pierre Schœndœrffer sorti en
1992.
Résumé
du film
En mars 1954 à Hanoï, le journaliste américain Howard Simpson
réalise un reportage sur la guerre d'Indochine. Il se lie d'amitié
avec plusieurs militaires français et apprend, à leur côtés, le
début de l'attaque contre le camp retranché de Diên Biên Phu. Il
voit là l'occasion d'obtenir les premiers scoops pour son journal.
Il entre en contact avec un journaliste français de l'AFP afin de
faire confirmer ses informations.
À Diên Biên Phu, l'attaque bat son plein, l'artillerie viêtminh
se déchaîne contre les positions françaises et de nombreux officiers
ont été tués. Un brigadier du Train et un sergent qui commande des
partisans thaïs, commencent à découvrir la vie dans les tranchées.
Un premier bataillon de parachutistes est envoyé en renfort après la
perte des collines fortifiées Béatrice et Gabrielle. Le lieutenant
Ky constate que ses paras vietnamiens sont démoralisés et enclins à
la désertion. On assiste aux derniers départs sanitaires en avion
avant que la piste d'atterrissage soit détruite.
À Hanoï, où un spectacle de violon a été organisé à l'occasion de
la tournée de la talentueuse Béatrice Vergnes, l'émotion est à son
comble. La population spécule et fait des paris sur le jour de la
chute du camp retranché. À l'état-major, tout semble désorganisé, le
capitaine Morvan ne sait pas où est son général.
Le capitaine Jegu de Kerveguen se porte volontaire pour être
parachuté en renfort alors que tout semble déjà perdu dans la
cuvette; il prend le commandement d'une compagnie chargée de tenir
une colline, Huguette 7, jusqu'à son repli, quelques semaines plus
tard.
Alors que des Bretons jouent au biniou pendant chaque accalmie,
un lieutenant d'artillerie, très philosophe, dirige sa batterie et
ses canonniers coloniaux. Pendant l'attaque, il refuse de se replier
et fera tirer ses pièces directement face à l'ennemi, sauvant
provisoirement la situation.
Le lieutenant Duroc, pilote de Dakota, fait chaque jour des vols
au-dessus de Diên Biên Phu pour y parachuter des munitions et des
renforts. Son avion sera finalement abattu par la DCA viêtminh.
Le maréchal des logis Thade Korzeniowski, jeune papa, est
volontaire pour sauter sur la cuvette et y commander l'un des rares
chars Chaffee qui n'a pas encore été détruit. Il y retrouve les deux
membres du service cinématographique des armées (dont P.
Schoendoerffer). Le « padre », aumônier catholique, est lui aussi
volontaire pour sauter sur Diên Biên Phu ; il y réconforte les
blessés en constatant la folie de la guerre.
Une à une, les collines sont prises et le camp rétrécit comme une
peau de chagrin. Sous la pluie battante, quelques contre-attaques
françaises parviennent à en reprendre quelques-unes, mais il n'y a
plus assez d'effectifs pour les conserver définitivement. Les
batailles pour Eliane1 et Eliane2 absorbent les derniers efforts.
Au bord de la Nam Youm, la rivière qui serpente au fond de la
cuvette, des centaines de déserteurs démoralisés se terrent et
attendent l'inexorable.
Le 8 mai 1954, les derniers combattants du camp retranché
reçoivent l'ordre de cesser le feu. Des milliers de soldats
viêtminhs dévalent des collines environnantes et prennent
« triomphalement » Diên Biên Phu. Plus de 10 000 soldats français
(tirailleurs, légionnaires, artilleurs...) sont capturés. Près des
trois quarts décèderont en captivité au cours des prochains mois.
Fiche technique
Distribution
Les personnages qui jouent les scènes du film portent des noms
fictifs. Leurs rôles sont inspirés de personnes ayant effectivement
existé, bien qu'il y ait eu des « arrangements » pour les besoins du
film.
Militaires
Civils
-
Donald Pleasence : Howard Simpson, journaliste américain du
San Francisco Chronicle, il est censé avoir obtenu le
Prix Pulitzer
-
Ludmila Mikaël : Béatrice Vergnes, violoniste du
conservatoire de Paris, en tournée en Extrême-Orient.
Cousine du capitaine de Kerveguen
-
Jean-François Balmer : journaliste de l'AFP
-
Lê Vân Nghia : le cyclo-pousse surnommé « vieux crabe »
-
Long Nguyen-Khac : M. Vinh, imprimeur et homme de lettres,
nationaliste
-
Thé Anh : Ong Cop, surnommé « Monsieur Tigre » financier
chinois, organisant les jeux d'argent
-
Maïté Nahyr : l'eurasienne tenancière, négociante d'opium
-
Hoa Debris : Betty, patronne du bar « Normandie »
-
Thu Ha : fiancée du maréchal des logis Thade Korzeniowski
Cités
dans le film
Afin de renforcer la véracité historique des commentaires
entendus dans le film, certains participants prestigieux ayant
participé à la bataille ou ayant dirigé les opérations en Indochine,
sont cités dans les dialogues :
- colonel
Jules Gaucher, commandant la
13e DBLE, tué le 13 mars 1954 au début de
l'attaque
- commandant
Marcel Bigeard, commandant le
6e BPC qui sera parachuté en renfort sur Diên
Biên Phu
- colonel
de Castries, commandant du camp retranché de Diên Biên Phu
- général
Giap, commandant l'Armée
populaire du Vietnam
- général
Henri Navarre, commandant le
corps expéditionnaire français en Indochine
- général
René Cogny, commandant les troupes françaises au
Tonkin
- général
Jean de Lattre de Tassigny, ancien commandant des troupes
françaises en Indochine
-
lieutenant-colonel Pierre Langlais, commandant le Groupe
Aéroporté à Diên Biên Phu
- lieutenant-colonel Charles Piroth, commandant l'artillerie,
qui se suicidera en constatant l'inefficacité de ses pièces
contre les canons vietminhs
-
lieutenant Paul Brunbrouck, officier de tir à la 4e
batterie du 2/4e RAC (2e groupe du 4e
régiment d’artillerie coloniale)
-
Jo Sohet, spécialiste en contre-guérilla au
11eme BPC, surnommé
Ong Cop par ses supplétifs Hmongs. Dans le film, le
surnom
Ong Cop sera donné à un parieur chinois.
Histoire, documentation et tournage
La bataille de Diên Biên Phu a déjà fait couler beaucoup d'encre,
de nombreux livres ont été écrits sur la bataille décisive de la
guerre d'Indochine. Le réalisateur
Pierre Schœndœrffer connaît très bien le sujet puisqu'il a
lui-même participé à la bataille, en tant que caméraman pour le
service cinématographique des armées. L'un de ses fils, Ludovic
Schœndœrffer, joue son rôle dans le film.
Tourné au Vietnam avec la participation de l'armée vietnamienne,
qui a fourni de nombreux figurants, le film ne comporte pas
d'anachronismes sérieux comme on peut souvent en voir dans certains
films de guerre. Les matériels et les uniformes français de la
guerre d'Indochine provenaient des stocks américains de la seconde
guerre mondiale, la représentation a été fidèlement reproduite pour
le tournage. Pour l'occasion, trois véritables avions
Dakota DC3 ont été achetés aux États-Unis et transportés, par
bonds successifs et grâce à des réservoirs supplémentaires, sur les
lieux du tournage. Les armes individuelles, les véhicules à roues et
la présence d'un
pont Bailey traversant la Nam Youm, sont à l'image de ce qui
existait à Diên Biên Phu en 1954. Les dix chars
M24 Chaffee de l'escadron blindé qui se trouvait sur place en
1954, sont représentés par quelques
M60 Patton maquillés, issus des anciens stocks de l'armée du
Sud Vietnam vaincu en 1975 et rattaché au Vietnam actuel.
Un véritable effort a également été consenti pour reproduire une
partie des tranchées, et même les dessus du poste de commandement de
la place (PC GONO). Le champ de bataille a été reconstitué dans un
site « vierge » ressemblant plus au
Diện Biên Phu de 1954 qu'à l'actuel, très urbanisé.
Les scènes du film se déroulant à Hanoï ont réellement été
tournées dans l'ancienne rue Paul Bert, près du
pont Long Biên, ancien pont Doumer, l'un des symboles de
l'ancienne présence française au Viêtnam. Des scènes ont également
été tournées dans et devant l'opéra
de Hanoï. Enfin, des scènes ont été tournées à l'aéroport
de Gia Lâm, non loin de Hanoï, aéroport d'où se sont
effectivement envolés vers Diên Biên Phu les parachutistes pendant
la bataille.
Le film présente une série d'évènements et d'actions
individuelles, souvent anonymes, relatés dans la littérature
abondante consacrée à la bataille, ou issus des souvenirs directs du
réalisateur. Pour les besoins du montage, ils ont été réunis et
attribués à quelques acteurs.
L'officier qui a inspiré le personnage du lieutenant d'artillerie
est
Paul Brunbrouck, du
4e RAC, dont la batterie de
canons de 105 mm était installé sur
la colline Dominique 3.
Le médecin
Paul-Henri Grauwin, bien qu'également non cité dans le film, est
visible plusieurs fois au travail à l'infirmerie du camp, où
s'accumulaient les blessés qu'on ne pouvait plus évacuer.
Enfin, l'acteur principal, Patrick Catalifo, campe au travers de
son rôle du capitaine Jegu de Kerveguen un ensemble de figures
s'étant illustrées au cours de la bataille, en particulier celle du
capitaine
Alain Bizard, du
5e BPVN qui tenait Huguette7 avec une compagnie de
marche.
Citations du
film
- « Voyez vous, Monsieur Simpson,
peut-être Giap gagnera, peut-être les Français gagneront, mais
moi, sûr, je gagnerai beaucoup. » — Ong Cop, le Chinois
- « Quand tout sera fini, je vous dirai
combien de millions ont été joués, et vous me direz combien de
vies ont été perdues, ça sera intéressant de comparer. »
— Ong Cop, le Chinois
- « Profite de la guerre, parce que ce
qui viendra après sera terrible. » — tenancière,
négociante d'opium
- « Monsieur Simpson, dites la vérité,
seulement la vérité. On dit trop de mensonges sur notre guerre
et sur nous. » — lieutenant Ky, du
5e BPVN
- « J'aime la France, pas forcément les
Français, il faut pas trop en demander » — M. Vinh,
imprimeur nationaliste
- « Il est assez plaisant pour un
capitaine breton, d'humeur aventureuse, d'être tout à la fois au
service d'un empereur, de deux rois et accessoirement, d'une
république. » — capitaine Jegu de Kerveguen
- « Une seule et même loi régit la
course de l'obus et celle de la terre autour du soleil, c'est
bon à savoir quand même, c'est réconfortant. Tu vois fiston,
c'est pas par hasard que ça nous dégringole dessus, c'est la
loi. » — lieutenant d'artillerie
- « La mort c'est la victoire de la
pesanteur. » — lieutenant d'artillerie
- « À quoi ça sert de tuer l'ours, si
on n'a pas d'abord vendu la peau ? C'est d'un de mes amis juifs
à Brooklyn. » — journaliste Howard Simpson
- « Le sacrifice de la vie est un
sacrifice énorme. Il n'y en a qu'un qui soit plus terrible. Le
sacrifice de l'honneur. » — le père Wamberger
Conclusion du réalisateur
Le réalisateur
Pierre Schœndœrffer est également narrateur: il commente les
grandes phases du film. C'est lui qui offre la conclusion avant le
générique de fin :
« Ce film a été tourné moins de quarante ans après la
bataille de Diên Bien Phu, au Vietnam, au Tonkin comme nous
disions autrefois, avec les Vietnamiens et l'armée du
Viêtnam. Ce fut une expérience bouleversante, pour eux comme
pour nous. Refermant une page douloureuse de notre histoire,
elle n'a de sens que si elle contribue à renouer des liens
avec ce Vietnam que nous aimons, que j'aime. »
Notes et références
-
↑ Le rôle du
lieutenant d'artillerie est inspiré de celui du
lieutenant
Paul Brunbrouck. Ce nom n'est par contre ni cité
dans le film, ni crédité dans le générique.
-
↑ Le réalisateur
Pierre Schœndœrffer occupait cette fonction en 1954 à
Diên Biên Phu. Son fils Ludovic joue son rôle. Le nom de
famille n'est pas cité dans le film
Annexes
Articles
connexes
Bibliographie
Liens externes